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Le cannabis abîmerait durablement le cerveau

11/12/2012 00:16

 

Fumer régulièrement du cannabis abîmerait durablement le cerveau

Une grande étude néo-zélandaise confirme que l’attention, la mémoire et la vivacité intellectuelle sont perturbées chez les consommateurs chroniques de cannabis. Elle montre aussi que chez les utilisateurs réguliers avant l’âge de 18 ans, ces perturbations sont accentuées et persistantes. Un problème  sanitaire important mais difficile à résoudre.

Cannabis et ados

Plus de 40 % des adolescents français de 17 ans ont déjà expérimenté le cannabis. 6 % en utilisent régulièrement.


Plus de 1000 Néo-zélandais suivis pendant 38 ans

Cette étude, dite "étude Dunedin", est la plus grande et la plus longue jamais organisée pour tenter d’évaluer, entre autres, les effets du cannabis au long cours.

1037 Néo-zélandais ont été suivis de la naissance à l’âge de 38 ans Ce suivi comportait notamment des tests neuropsychologiques et des entretiens réguliers.  

Un déclin du QI chez les fumeurs réguliers, en particulier s’ils ont commencé ados

La consommation de cannabis a été évaluée au cours d’interviews effectuées à 18, 21, 26, 32 et 38 ans. Le QI a été mesuré, parmi d’autres tests neuropsychologiques, à 13 et 38 ans :

Chez ceux qui n’ont jamais fumé, le QI est stable entre 13 et 38 ans (1 point de plus environ). Chez les consommateurs occasionnels, il est également stable (1 point de moins environ)

Chez les utilisateurs réguliers de cannabis par contre (majoritairement des hommes), le QI a baissé, de 3 à 6 points en fonction de la durée de consommation. Idem chez les consommateurs diagnostiqués comme dépendants (usage régulier problématique), qui perdent entre 2 et 6 points.

Un déclin plus marqué si l’usage régulier commence à l’adolescence

Ces altérations du QI sont encore plus nettes s’ils ont commencé adolescents, avec une perte moyenne de 8 points de QI ! Le schéma ci-dessous montre que cette baisse s’accentue lorsque la dépendance est prolongée :

 

Certes, l’échantillon de fumeurs dépendants est faible, ce qui limite la précision de l’étude, mais cela n’en change pas le sens.

Même en excluant les fumeurs réguliers de tabac, les buveurs réguliers d’alcool et les consommateurs  d’héroïne et autres drogues dures, cette baisse persiste.

Un déclin persistant malgré l’arrêt de la consommation régulière

Il n’est pas étonnant de découvrir que cannabis avachit intellectuellement ceux qui en abusent, surtout s’ils ont commencé tôt, alors que le cerveau est en pleine évolution et maturation (adolescence).

Cette étude montre par contre que ce déclin cognitif persiste chez ceux qui ont commencé à en prendre régulièrement avant 18 ans, et ce même s’ils n’en utilisent plus autant à 38 ans.

Ci-dessous, le schéma de gauche permet de visualiser l’importance de la baisse (significative statistiquement) constatée chez ceux qui ont fumé du cannabis avant 18 ans, et ce même s’ils ne fument plus régulièrement à 38 ans. A droite, le QI ne baisse que légèrement (non significatif) chez ceux qui ont commencé après 18 ans, qu’ils fument encore régulièrement ou non :

 

L’imprégnation cannabique lors de la maturation cérébrale semble donc bien provoquer des altérations durables, même en cas d’arrêt de la consommation régulière…

D’autres altérations cognitives constatées, ainsi qu’un impact sur les études supérieures

 

Mémoire, attention visuelle, apprentissage verbal, acquisition d’une information visuelle et compréhension verbale sont également plus ou moins dégradés entre 13 et 38 ans en cas de consommation de cannabis au long cours.

En moyenne, les consommateurs réguliers de cannabis font aussi moins d’années d’études, sans qu’il soit fait mention cette fois-ci d’un lien avec l’âge de début. Mais peut-être aussi que les fumeurs de cannabis ont moins accès à l’éducation supérieure…

Il y a donc une altération cognitive globale en cas d’usage persistant du cannabis, altération marquée et persistante malgré l’arrêt lorsque la consommation a commencé à l’adolescence.

Le cannabis abîme-t-il directement les structures cérébrales ? Cette étude ne permet pas d’y répondre, mais les auteurs soulignent que d’autres travaux ont montré des altérations cérébrales "structurelles et fonctionnelles" sur les cerveaux d’adolescents consommateurs.

Mais d’autres questions sont sans réponse pour le moment

Le cannabis a-t-il une neurotoxicité directe, ou son usage prolongé provoque-t-il des réarrangements de circuits cérébraux, se traduisant par un déclin des facultés cognitives ? 

L’usage régulier est-il nocif durablement pour le cerveau de 11 à 14 ans ? De 11 à 16 ? De 11 à 17 ? De 11 à 18 ? Il serait intéressant d’étudier précisément cette question, afin d’affiner la prévention et la pédagogie, notamment envers les parents, qui doivent parler à leurs enfants d’une substance censée être pourchassée sans faillir par l’Etat depuis 1970, mais qui est depuis 20 ans dans toutes les cours de récréation de France, sans parler des soirées, discothèques, etc.

Les éventuelles lésions directes des circuits cérébraux sont-elles réversibles ? Cette étude montre une persistance des difficultés chez ceux qui ont commencé ados et ont arrêté depuis 1 an ou plus, mais peut-être que les anomalies  disparaissent au bout de quelques années.

Ce déclin cognitif est-il majoré par l’utilisation de cannabis à teneur élevée en THC (principe actif psychogène du cannabis), comme on en trouve de plus en plus en France depuis les années 90 ?

Est-il aussi influencé par le mode de consommation (combustion, qui dégage de nombreuses substances toxiques supplémentaires, ou vaporisation, alimentation…) ?Existe-t-il des modes de consommation sans danger (question à prendre en compte pour l’éventuel usage thérapeutique du cannabis, ou dans le cadre d’une légalisation, comme celle en cours en Uruguay) ?

Comment améliorer la prévention de ces dommages, directs ou non ?

 

De futurs travaux répondront peut-être aux questions ci-dessus (et d’autres bien sûr), ce qui permettra d’affiner l’éventuelle neurotoxicité directe et de mieux cibler les actions de prévention et de soins.

Malgré la loi de 1970, qui est une des plus répressives d’Europe, l’usage de cette plante s’est banalisé, même si la tendance est à la baisse depuis quelques années. On estime aujourd’hui le nombre d’adolescents de 17 ans qui en consomment régulièrement à 6 % environ (enquête Escapad 2011), soit plus d’1 ado sur 20. Ils sont donc à risque de déclin cognitif éventuellement persistant après l’arrêt. Cette proportion est en baisse (10,6 % en 2005), mais la teneur en THC du cannabis est beaucoup plus élevée que dans les années 80. De plus, les consommations évoluent, avec une démocratisation de l’usage des bangs, qui sont au cannabis ce qu’est le binge drinking à l’alcool (grande quantité consommée en peu de temps pour une ivresse cannabique maximale… et une toxicité accrue).

Les parents, peu informés par l’Etat, doivent cependant être vigilants et tenter de repérer l’usage quotidien de cette substance, pour essayer d’en dissuader leur(s) enfant(s). (Re)-découvrez les conseils aux parents sur ce sujet du Pr Michel Reynaud, addictologue à l'hôpital Paul Brousse :


Au niveau de l’action publique,

Pour accentuer la diminution de l’usage régulier, mieux détecter et aider  les utilisateurs à problèmes, faut-il renforcer l’action sanitaire et multiplier les Consultations Jeunes Consommateurs, qui semblent donner des résultats positifs ? Faut-il renforcer la formation des médecins sur l’appréhension de cette drogue et de ses conséquences sur leurs patients et son entourage ?

Faut-il repenser l’action sécuritaire et faire enfin évoluer cette loi de 1970, qui met toutes les drogues et tous les usages au même plan, mobilise les forces de sécurité et dont l’impact sanitaire et social semble, au mieux, discutable, du moins en ce qui concerne le cannabis (voire  la cocaïne) ?

Ces questions restent elles aussi ouvertes, les pouvoirs politiques successifs étant peu enclins à aborder frontalement, de manière dépassionnée et pragmatique ce sujet. Les auteurs de l’étude néo-zélandaise préconisent en tout cas de renforcer l’information à destination des adolescents sur les dangers neuropsychologiques de l’usage régulier du cannabis et sur les bénéfices de l’arrêt… comme c’est le cas dans le monde entier pour le tabac !

Jean-Philippe Rivière

Sources :

- "Persistent cannabis users show neuropsychological decline from childhood to midlife", Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), 27 août 2012, résumé accessible en ligne

- "Les drogues à 17 ans : premiers résultats de l’enquête ESCAPAD 2011", Observatoire français des drogues et toxicomanies, février 2012, téléchargeable en ligne

- "Hémorragie alvéolaire fatale après bang de cannabis", F.Grassin et coll., Service de pneumologie, Hôpital d'instruction des Armées, Brest, janvier 2011, résumé en français accessible en ligne

- "Caractéristiques du public reçu dans les Consultations jeunes consommateurs pour un problème d'addiction", Ivana Obradovic, Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, Institut de Veille Sanitaire, 21 juillet 2009, téléchargeable en ligne

- "L'Uruguay veut cultiver du cannabis", Lefigaro.fr, 10 août 2012, article accessible en ligne



Dossiers pour en savoir plus:

Cannabis, entre vice et vertu